[Cannes 2011] Bilan de la selection officielle; les tops et les flops

C’est fini. A quelques heures de l’annonce du palmarès, les dès sont jetés. Ces deux semaines de visionnages nous auront permis d’y voir plus clair et de dégager des tendances. Des films français à l’honneur (Polisse, The Artist), Habemus Papam et Drive qui séduisent, Lars Von Trier qui se saborde… Tous les tops et les flops, les avis ainsi que les tendances qui se dégagent de ce 64ème Festival de Cannes dans la suite de l’article… et pour les films présentés dans les autres compétitions, lisez le dossier spécial Bilan des films Hors Compétition Officielle ici.


Sur les trottoirs de la Croisette, beaucoup parlent encore de deux films français, Polisse de Maïwenn et The Artist de Michel Hazanavicius. Concernant Polisse, vous pouvez aller consulter l’ensemble des critiques que j’ai regroupé ici. The Artist, quand à lui, a séduit par son ingéniosité et son ambition. Film muet en noir et blanc porté par deux acteurs incroyablement justes dans leur rôle (Jean Dujardin et Bérénice Bejo), The Artist nous fait revivre de manière magistrale le Hollywood des années 20. Après les deux OSS 117, Michel Hazanavicius nous prouve encore une fois son amour du cinéma avec ce film ancien et moderne à la fois.

J’ai longuement hésité entre Top et Flop, le film ayant été hué et applaudi lors de sa projection. Je pense finalement que le dernier Terrence Malick à des chances d’être palmé. Plusieurs personnes m’ont avoué avoir tout simplement adoré The Tree Of Life, d’autres étaient hermétiques à « l’innocence de ses propos » et dénonçaient à l’imposture. Cela dit, personne n’y aura été insensible, caractéristique que l’on retrouve chez bien des anciens vainqueurs. Retrouvez ici mon papier sur ce film (avec, dans les commentaires, deux critiques aux avis opposés).

Autre sensation, Habemus Papam de Nanni Moretti. Il faut dire qu’il a d’autant plus de chances que l’italien est particulièrement en vogue au festival (palmé avec La chambre du fils et Prix de la mise en scène pour Journal intime). Ce dernier film, qui sortira en salles le 7 septembre 2011, est l’occasion de suivre un cardinal fraîchement élu Pape. Mais celui-ci ne semble pas supporter le poids d’un telle responsabilité; alors que les fidèles sont en proie à l’inquiétude, le Vatican cherche des solutions pour surmonter la crise… Cette satire hilarante sur les mœurs vaticanes, toute en ironie, s’avère être une comédie subtile et habilement réalisée. Enchaînant les scènes poétiques, les séquences désopilantes et les moments de tendresse, les quelques longueurs risquent, au final, de ne pas trop pénaliser Habemus Papam.

Déjà dit dans ma critique de We Need To Talk About Kevin, mais mon coup de cœur revient à Tilda Swinton, qui mérite haut la main le prix d’interprétation féminine. Il se murmure aussi que Elena Anaya est dans les petits papiers du jury pour La Piel que Habito de Pedro Almodovar, présenté ici. Ce dernier a d’ailleurs impressionné quelques critiques. Il possède inévitablement des chances d’être primé…

Enfin, je terminerais par les outsiders; d’abord, il-y-à Drive, de Nicolas Winding Refn. Étant un véritable adorateur de son travail, je suis particulièrement content de le retrouver dans ce top. Le réalisateur de la trilogie Pusher, de Bronson et de Valhalla Rising arrive à cannes avec cette histoire d’un cascadeur le jour et conducteur pour la mafia la nuit. Rares sont les films d’action ayant été palmés, mais celui-ci est particulièrement efficace, tout en virtuosité, comme nous l’a habitué son réalisateur. A suivre… Le Havre, quand à lui, est à peu près dans le même cas que le film de Terrence Malick; il divise la critique, avec l’engouement en moins. Ce film du finlandais Aki Kaurismaki s’avère être un conte social d’une rare simplicité. Mêlant absurde et irone, son style d’humour n’a pas forcément plu à tous, mais beaucoup ont salué la maitrise de son réalisateur, mais aussi et surtout de ses acteurs.

Bon, je n’ai pas pu vous parler de beaucoup de film, mais au final, la plupart se retrouvent dans les favoris des festivaliers… Choix judicieux donc 😉

Évidemment, comme ne pas commencer ce flop par Lars Von Trier. Même si son film (que j’attends toujours de voir avec impatience) n’a pas forcément été mal accueilli, son scandale au cours de cette dernière semaine risque de définitivement ternir l’image de son réalisateur. Rappel des faits: le 18 mai, jour de la présentation du film Melancholia (présenté dans ce billet), celui-ci déclare comprendre Hitler, comprendre l’homme, « je compatis avec lui« , entre autres. Il terminera la conférence par un subtil « Je ne sais pas comment je vais me sortir de cette phrase… OK, je suis un Nazi…« . Le scandale de trop; il fut immédiatement (enfin, le lendemain) exclu du festival. Cela aura-t-il des répercussions sur Melancholia ? Trop tôt pour le dire, mais j’ai du mal à croire que le jury tende le bâton pour se faire battre

On a aussi beaucoup parlés de L’Apollonide. Des critiques plus que disparates, j’ai surtout entendu les complaintes d’une gente féminine qui aurait particulièrement peu goûté le dernier film de Bertrand Bonello. Dommage, d’autant que le thème des maisons closes fut plutôt bien traité dans la récente série de Canal + (le titre? Maisons closes. pourquoi faire compliqué…?). Pourtant, j’ai hésité avant de le mettre dans cette les flops, certains ayant été hypnotisés par son atmosphère, mais il à tout de même peu de chances d’avoir marqué le jury.

En début de festival, je vous avait proposé un aperçu du prochain Naomi Kawase, Hanezu no Tsuki. Envisageant de le voir palmé en fin de compétition, je dois avouer m’être bien trompé sur ce coup là. En effet, rien de particulier n’est ressorti de sa présentation, si ce n’est une œuvre trop contemplative, qui prend son temps au risque de perdre en chemin le spectateur.

L’unanimité vient du film traitant la pédophilie de manière particulièrement maladroite, Michael. J’avais pourtant fondé beaucoup d’espoir sur les épaules de son réalisateur, Markus Schleinzer. Pourquoi? Parcqu’il était l’assistant de Michael Haneke, que je trouve particulièrement brillant. Mais cela ne suffit pas. Cette histoire de vie commune entre un enfant de dix ans et un homme de trente cinq ans, qui cache quelques bonnes idées, reste malheureusement particulièrement ambiguë tout le long du film, suffisamment pour instaurer un malaise palpable dans toute la salle. Un flop incontestable.

Enfin, citons Sleeping Beauty, qui en aura choqué plus d’un et qui ne vaut d’être vu que pour la performance de Julia Leigh, et le dernier Takashi Miike, premier film présenté en 3D à Cannes. Pas forcément descendu par la critique, mais qui n’aura passionné aucun critique et aucun spectateur.

Il n’y a pas que la sélection officielle au Festival de Cannes; retrouvez les meilleurs films et courts-métrages présentés lors des autres compétitions (Un certain Regard, Semaine de la Critique, Cinéfondation…) dans le dossier special Bilan Hors Competition Officielle

2 réponses sur « [Cannes 2011] Bilan de la selection officielle; les tops et les flops »

  1. Merci,
    concernant Ichimei de Takashi Miike, je l’attendais aussi, comme tout bon Miike, mais apparemment, ce ne serait pas du bon cru (il faut dire que la qualité des cuvées est particulièrement fluctuantes chez le prolifique Miike :p ).

    Voilà par exemple l’avis du critique Nicolas Bardot:

    La beauté indéniable de la direction artistique fait plutôt illusion, mais dans ce récit où l’humain bouillonnant déborde de l’armure sacrée du samouraï, la tension manque cruellement. La neige tombe, elle est belle, mais elle n’émeut pas (et, pour avoir vu Melancholia juste avant, on sait que la neige peut émouvoir). Et la 3D dans tout ça? « Pour moi, ça n’a rien changé de tourner en 3D (…) Rien n’a changé dans mon approche ». D’où une présence de la 3D, certes, mais avec une relative discrétion (si ce n’est ce voile grisâtre et envahissant sur l’image), pas assez cela dit pour gâcher un dénouement qui retrouve son souffle.

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